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  • Photo du rédacteurRachael Godt

SIGNAL par Automatic



 

INCISIF ET OBSESSIF


Dans son creuset sonore, Automatic a fondu un alliage de cold wave, de post-punk et de krautrock, enrichi de groove électro, pour forger onze titres urgents, magnétiques et addictifs. Hedi Slimane, directeur artistique de la maison Céline et défricheur musical au goût très sûr, ne s'y est pas trompé en retenant Calling It pour la bande-son du défilé de son prêt-à-porter été 2020 lors de la fashion week parisienne.

Deux semaines plus tard, c'est encore Paris qui offrait à Izzy Glaudini (synthés, chant), Halle Gaines (basse, chant) et Lola Dompé (batterie, chant) leur première scène européenne. Confidences sous jetlag quelques heures avant d'enflammer le Supersonic.



Groupe de filles ou groupe tout court ?

Halle & Izzy & Lola (d’une seule voix) : Groupe tout court !

Izzy : Nous sommes avant tout des musiciennes, qui composent pour un public d’être humains, que nous ne nous représentons pas selon une pensée genrée. De la même manière, il n’existe pas de différence entre un ou une songwriter, pas plus qu’il n’y a de science spécifiquement féminine ou masculine. S’il n’y a que des filles aujourd’hui dans Automatic, c’est presque le fait du hasard.


Donc, ce n’est pas une revendication féministe ? À ce propos, avez-vous perçu un changement avant et après #MeToo ?

Izzy : En effet, cela n’a rien à voir avec #MeToo. Nous nous sommes rencontrées à L.A. C’est en travaillant et en nous produisant ensemble à partir de 2017 que nous sommes ensuite devenues amies. Ça c’est un bonus, mais ce n’est pas délibéré. Si cela s’imposait artistiquement, un homme pourrait rejoindre Automatic. Ce serait tout à fait cool.

Lola : Quant à #MeToo, bien sûr que cela a changé beaucoup de choses. Mais nous n’avons jamais été confrontées au genre de situations qui ont été dénoncées…

Halle : Dans notre entourage, les homes sont plutôt conscients et attentionnés…




Le claim du punk était No future. Et plus de 40 ans plus tard, il y a toujours du punk. Et même du post-punk, label dont vous avez été étiquetée. Le nihilisme n’est-il qu’une posture dépourvue de sens ?

Halle : À vrai dire, on nous a collé cette étiquette « post-punk » sans nous demander notre avis. Et je pense qu’elle n’a pas d’autre sens philosophique que de désigner ce qui vient après le punk.

Izzy : Je pense comme Halle que l’on a appelé post-punk, la réaction à l’utilisation ultratestostéronée des guitares dans le punk. La raison pour laquelle Automatic peut être qualifié de post-punk, c’est notre minimalisme.


Son épuré. Titres brefs. Less is more ?

Halle & Izzy & Lola (d’une seule voix) : Absolument !


Aimeriez-vous à l’avenir évoluer vers d’autres genres ?

Halle : Le hip-hop…

Lola & Izzy : et le dub.




Le clip de Calling It est une transposition de l’histoire de Pygmalion réalisée par Ross Harris…

Halle : Mais dont nous avons écrit le scénario. Nous sommes très attentives à l’esthétique de nos visuels et de nos vidéos.

Lola : Il a été tourné par la fonderie qui, depuis 1970 appartient à ma grand-mère et a toujours été dirigée par des femmes.


Le nom de David Lynch a été évoqué à propos de l’ambiance de vos textes. Et pourtant votre album s’appelle Signal. Est-il plutôt un lanceur d’alerte ou une bizarrerie poétique ?

Izzy : Sans être des révolutionnaires politiquement engagées, nous nous inspirons bien sûr de ce que nous voyons : les inégalités, le changement climatique…

Lola : … Et la solitude qu’engendrent les réseaux sociaux. Sur ce point, l’album est nourri par l’étrangeté de Los Angeles. Le décalage qui existe entre son image de bonheur, de soleil, de palmiers, de vie facile, de succès et de rêve… Et puis une forme de dureté flippante justement à la profonde solitude que l’on peut y éprouver.




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